© Vincent Moncorgé Photothèque CNRS Association Femmes & Sciences
Hélène Mainet
Géographe
« Nos choix d’aménagement, nos modes de vie actuels,
auront des conséquences sur les générations futures. »
Hélène Mainet est géographe, professeure en aménagement de l’espace à l’Université Clermont Auvergne, rattachée au laboratoire Territoires (UMR 1273, AgroParisTech/INRAE/UCA/VetAgro Sup). À travers ses recherches sur les territoires en transitions, elle pense les mondes à venir.
Vivre ailleurs, être en transit, Hélène Mainet connaît bien. Elle a eu la chance de vivre une grande partie de son enfance à l’étranger. Cela explique sans doute sa curiosité, son envie de comprendre ce qui se passe, ici et ailleurs. C’est là l’origine de son goût pour la géographie, une discipline qui met en relation les sociétés et leurs espaces. C’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente vers cette discipline après une formation scientifique. Les sciences sociales l’attirent et elle a envie de mettre l’humain au cœur de son activité professionnelle. À ses débuts, elle enseigne en collège et lycée en région parisienne, mais garde un pied dans la recherche. Le contact avec le terrain l’attire. À 25 ans, elle s’envole pour l’Afrique du Sud. Nous sommes à la fin des années 1990, au sortir de l’apartheid et en pleine reconstruction démocratique. Dans cette grisante période de transition, Hélène Mainet choisit de réaliser une thèse sur les communautés indiennes dans la métropole de Durban. Dans les quartiers où vivent ces minorités culturelles, les transformations économiques et sociales sont passionnantes à observer.
Recrutée trois ans plus tard à l’Université de Clermont-Ferrand comme enseignante-chercheuse, elle y trouve son territoire d’adoption, l’Auvergne. C’est depuis cet ancrage qu’elle continuera à parcourir le monde.
Aujourd’hui, la géographe poursuit ses recherches sur les dynamiques des territoires en transitions : écologiques, sociales, économiques, démocratiques et dans des contextes variés (Auvergne, Allemagne, Pologne, Afrique subsaharienne...). Elle s’intéresse particulièrement aux territoires en déclin, en crise, ceux qui sont un peu relégués, voire oubliés. Des espaces qui témoignent d’enjeux complexes et stimulants. Pourquoi les centres de certaines petites villes d’Auvergne se vident-ils de leur population et de leurs commerces ? Pourquoi choisit-on de vivre dans certains lieux plutôt que dans d’autres ? L’aménagement de l’espace est un champ de recherche mais aussi d’action. Avec le « pourquoi », on s’intéresse aussi au « comment » : comment mettre en place des projets d’aménagement qui tiennent compte des enjeux actuels de développement durable ? Comment aider les acteurs d’un territoire – élus, associations, entreprises – dans leurs projets ? « Mes recherches ont des applications concrètes. Il faut être pragmatique et se méfier des solutions toutes faites. Ce qui est valable quelque part ne l’est pas nécessairement ailleurs. »
Également enseignante, Hélène Mainet accompagne de nombreuses étudiantes et étudiants de formations professionnelles en licence, master et doctorat. « Finie l’époque où l’on associait la géographie à la liste des départements et capitales ou à de simples localisations sur les cartes ! Cette discipline aide à comprendre le monde, mais aussi ce qui se passe autour de chez nous. » À travers ses cours, les sorties sur le terrain, le suivi des stages et projets collectifs, cette géographe engagée contribue à former les professionnelles et professionnels de l’aménagement de demain aux enjeux actuels et futurs. Avec le changement climatique, les crises énergétiques, les inégalités sociales, les perspectives sont anxiogènes, mais elle reste positive. Sensibiliser les gens, accompagner au changement, ce n’est pas facile mais possible. « Nos choix d’aménagement, nos modes de vie actuels, auront des conséquences sur les générations futures. Le monde dans lequel grandiront mes petits- enfants se pense et se construit aujourd’hui. »