© Vincent Moncorgé Photothèque CNRS Association Femmes & Sciences
Karine Ballerat-Busserolles
Thermodynamicienne
« Travailler sur des sujets aussi importants que le réchauffement climatique, c’est captivant. »
Karine Ballerat-Busserolles est ingénieure de recherche CNRS à l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand (UMR 6296, CNRS/UCA) et chercheuse associée Mines Paris-PSL au Centre Thermodynamique des Procédés (MINES ParisTech/ARMINES). Elle se passionne pour la thermodynamique expérimentale, avec en ligne de mire le captage et le stockage des gaz à effet de serre.
Lycéenne, Karine Ballerat-Busserolles est fascinée par les avions. Mais quand elle s’adresse à des pilotes lors d’un forum des métiers, l’atterrissage est brutal : « Mademoiselle, vous savez que vous êtes une femme ? » Étonnée autant que vexée, elle s’en ouvre au conseiller d’orientation, qui lui répond : « Tu as de bonnes notes dans les matières scientifiques, tu iras à la fac pour devenir enseignante. »
Disciplinée et résignée, elle entre donc à l’université pour devenir « prof de physique-chimie ». D’envol, il n’est plus question, jusqu’à une rencontre décisive. Un professeur de thermodynamique, branche de la chimie qui étudie les échanges thermiques lors de réactions entre molécules, lui explique à la fin d’un cours qu’il existe des métiers dans la recherche, qu’il suffit de poursuivre ses études au lieu de passer le CAPES. Elle ne se le fait pas dire deux fois, et personne ne la détournera de sa nouvelle passion : elle sera Docteure en chimie-physique.
Aujourd’hui ingénieure de recherche au CNRS et chercheuse associée à Mines Paris‑PSL, elle participe à réduire l’empreinte des gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Elle étudie en effet l’absorption des gaz acides dans des phases liquides, une étape essentielle pour comprendre comment extraire le CO2 des fumées d’usines et le stocker dans l’eau salée que contiennent certaines roches sédimentaires (les aquifères salins). Avec ses collaborateurs et collaboratrices, elle développe des dispositifs expérimentaux et mesure les échanges thermiques qui se produisent lorsque le gaz est absorbé dans le liquide, dans des conditions proches de la réalité du terrain (températures et pressions très élevées). Ces données permettent d’évaluer et d’optimiser
l’efficacité du captage du CO2 dans les procédés industriels et de prédire l’impact du stockage du gaz sur l’environnement.
« Construire et défendre des projets de recherche, c’est stimulant. Travailler sur des sujets aussi importants que le réchauffement climatique, c’est captivant. Et concevoir de nouveaux équipements, travailler dans des conditions extrêmes, tout en s’assurant de la sécurité des gens qui m’entourent, et tout ça pour faire la chasse au CO2 quel kif ! »
Karine Ballerat-Busserolles n’est certes pas pilote de chasse ou de ligne, mais elle pilote aujourd’hui des projets de recherche dans un domaine qui la passionne. C’est elle qui dirige les travaux d’étudiantes et étudiants en thèse, elle qui est membre du bureau directeur de plusieurs sociétés savantes et qui est régulièrement invitée à présenter ses résultats lors de conférences partout dans le monde. Démonstration est faite : pas besoin de porter un costume-cravate pour aider à résoudre des problématiques industrielles et sociétales aussi importantes.
La recherche n’étant rien sans la transmission des connaissances, Karine Ballerat-Busserolles explique très souvent son métier aux élèves de collèges et lycées : « C’est toujours une petite victoire de voir des jeunes s’intéresser à votre travail et à votre parcours », se félicite‑t‑elle. « Et c’est une grande réussite de leur permettre de découvrir un univers inconnu, sans préjugé ni discrimination. »